La liberté de la presse en Italie continue d’être menacée par les organisations mafieuses, notamment dans le sud du pays, ainsi que par divers groupuscules extrémistes qui exercent des violences. Les journalistes se plaignent également d’une tentative de la classe politique d’entraver la libre information en matière judiciaire par une “loi bâillon” – la “legge bavaglio” – qui s’ajoute aux procédures-bâillons (SLAPP) courantes dans le pays.
Paysage médiatique
Le paysage médiatique italien est développé et compte une large palette de médias qui garantissent une diversité d’opinions. Le secteur de l’audiovisuel est composé de plusieurs chaînes de télévision (par exemple, RAI1) et stations de radios généralistes publiques, ainsi que d’un grand nombre de médias privés. Cette diversité se retrouve dans la presse écrite, qui compte près d’une vingtaine de quotidiens (Corriere della Sera, La Repubblica, etc.), une cinquantaine d’hebdomadaires (L'Espresso, Famiglia Cristiana, etc.), ainsi que de nombreux magazines et sites d’information divers.
Contexte politique
Les professionnels de l’information cèdent parfois à l’autocensure, que ce soit en raison de la ligne éditoriale suivie par leur média ou de la crainte d’éventuelles actions légales comme des plaintes en diffamation. Cela risque d’être aggravé pour les journalistes police-justice par la “legge bavaglio”, votée par la majorité de la Première ministre Giorgia Meloni, qui interdit la publication d’une ordonnance de détention provisoire jusqu’à la fin de l’audience préliminaire. Les syndicats dénoncent également l'ingérence politique grandissante dans les médias publics.
Cadre légal
Une certaine paralysie législative entrave l’adoption des divers projets de lois qui ont été proposés pour préserver, voire améliorer le libre exercice de la profession journalistique. Cette situation explique en partie les limites que certains journalistes rencontrent dans leur travail. La criminalisation de la diffamation et de nombreuses procédures-bâillons menacent le libre exercice du journalisme.
Contexte économique
Les médias dépendent de plus en plus des revenus publicitaires et des éventuelles subventions publiques. La presse écrite fait également face à une baisse progressive de ses ventes. En outre, l'acquisition annoncée de l'une des principales agences de presse italiennes, Agenzia Giornalistica Italiana, par le député de la majorité et propriétaire de plusieurs grands journaux italiens, Antonio Angelucci, met en évidence la menace de la concentration des médias et des conflits d’intérêts. Une précarité croissante mine dangereusement le journalisme, son dynamisme et son autonomie.
Contexte socioculturel
La polarisation de la société lors de la pandémie de Covid-19 a touché les journalistes, victimes d’attaques tant verbales que physiques durant certaines mobilisations contre les mesures sanitaires. Cette polarisation perdure et se cristallise autour de questions politiques ou idéologiques liées à l’actualité.
Sécurité
Les journalistes qui enquêtent sur l’univers du crime organisé, les affaires de corruption et les mafias sont systématiquement menacés, voire physiquement agressés en raison de leur travail d’investigation. Leur véhicule ou domicile est parfois détruit par un incendie d’origine criminelle. Des campagnes d’intimidation en ligne sont orchestrées contre ceux qui approfondissent ces questions. Une vingtaine de journalistes vivent actuellement sous protection policière permanente à la suite d’intimidations ou d’agressions.