Jonathan Levin, PDG de Chainalysis, rappelle aux criminels que les transferts de cryptomonnaies sont tra�ables
La tentative d'enl�vement de la fille d'un patron des cryptomonnaies en France provoque une r�ponse inattendue des initi�s : � les transferts sont tra�ables �
les criminels croient � tort le contraire
Le secteur des cryptomonnaies est connu pour la volatilit� de ces actifs et pour les incidents de piratage ou d'escroquerie. Des milliards de dollars en cryptomonnaies sont d�rob�s chaque ann�e par des acteurs de la menace connus ou inconnus. Mais les op�rations malveillantes qui s'op�raient dans l'espace cybern�tique semblent s'�tre d�plac�es dans la vie r�elle. En France, un gang a r�cemment tent� d'enlever la fille d'un patron du secteur des cryptomonnaies afin d'exiger une ran�on contre sa lib�ration. Ces actes se multiplient en France, en Belgique et en Espagne. Mais les initi�s du secteur mettent en garde les patrons du crime : � les transferts sont tra�ables �.
La tentative d'enl�vement est survenue dans la journ�e du 13 mai dans le 11e arrondissement de Paris. Quatre hommes encagoul�s et arm�s ont attaqu� un couple et leur enfant. Selon des images vid�o, trois hommes masqu�s ont saut� d'une fourgonnette et ont essay� de forcer la femme et son enfant � monter dans le v�hicule. Les assaillants ont frapp� le compagnon de la femme qui a tent� de s'interposer. Toutefois, le projet des criminels a �chou�.
Selon le r�cit de la police, la femme a �galement r�sist�, s'est empar�e d'une des armes de poing des agresseurs et l'a jet�e au loin, et les cris des victimes ont fini par attirer les passants. Les agresseurs ont pris la fuite � bord de leur camionnette qui a �t� retrouv�e � proximit�. Il s'agit en effet de la derni�re d'une s�rie troublante d'incidents violents visant des figures importantes de l'industrie fran�aise des cryptomonnaies, qui est en pleine croissance.
La femme que les agresseurs ont tent� d'enlever est la fille du PDG et cofondateur de Paymium, une plateforme fran�aise d'�change de cryptomonnaies. Les �v�nements du 13 mai font suite � l'enl�vement, en janvier 2025, du patron fran�ais de la cryptomonnaie David Balland et de sa compagne.
David Balland, cofondateur de la soci�t� de cryptomonnaie Ledger, s'est fait couper le doigt par les ravisseurs. � Les ravisseurs ont demand� une importante ran�on en cryptomonnaies �, ont indiqu� les procureurs, sans pr�ciser le montant ni dire s'il avait �t� pay�. Au moins neuf suspects ont �t� arr�t�s depuis, dont le cerveau pr�sum�. En mai, un gang a enlev� un homme pour forcer son fils, un millionnaire en cryptomonnaies, � payer une ran�on.
La police a arr�t� sept personnes apr�s un raid visant � lib�rer l'homme. Ces attaques ont effray� le secteur, qui a demand�, de mani�re quelque peu ironique, au gouvernement de renforcer ses protections. Selon Reuters, le ministre de l'Int�rieur, Bruno Retailleau, envisagerait de rencontrer cette semaine les entrepreneurs fran�ais du secteur des cryptomonnaies dans le but de les sensibiliser aux risques et de prendre des mesures pour les prot�ger.
Retour sur l'enl�vement et la d�tention du cofondateur de Ledger
Les r�cents incidents survenus en France vont au-del� des escroqueries financi�res ou des violations dans le cyberespace, et impliquent une coercition en personne qui affecte souvent non seulement les individus eux-m�mes, mais aussi leurs familles. En captivit�, David Balland a subi des violences physiques visant � l'obliger � acc�der � ses avoirs en cryptomonnaies. Les ravisseurs lui avaient coup� un doigt, comme moyen de pression et comme preuve de sa captivit�.
Les agresseurs ont ensuite envoy� une vid�o du doigt coup� � l'associ� de David Balland, identifi� dans les rapports de police comme le cofondateur de Ledger, �ric Larchev�que. La vid�o �tait accompagn�e d'une demande de ran�on de 10 millions d'euros en cryptomonnaie. Cependant, �ric Larchev�que a imm�diatement contact� les autorit�s fran�aises, ce qui a d�clench� une enqu�te coordonn�e impliquant plusieurs �quipes d'application de la loi.
En l'espace de 48 heures, la police a localis� David Balland dans une maison � Ch�teauroux, � environ une heure du lieu de l'enl�vement. Une descente a �t� effectu�e et David Balland a �t� retrouv� vivant et transport� � l'h�pital pour y �tre soign�. Le lendemain, sa femme est �galement retrouv�e par la police, ligot�e dans le coffre d'une voiture gar�e dans l'Essonne, au sud de Paris. Secou�e, la police a d�clar� qu'elle ne souffre pas de blessures graves.
Les autorit�s ont r�v�l� qu'une partie de la ran�on demand�e avait �t� pay�e avant que Balland ne soit retrouv�. Les analystes pensent que les forces de l'ordre ont autoris� un petit transfert de fonds pendant les n�gociations, peut-�tre pour prolonger les pourparlers et mieux localiser le groupe.
La plupart des cryptomonnaies transf�r�es ont �t� r�cup�r�es ou gel�es par la suite. L'affaire a �t� largement couverte par les m�dias fran�ais et internationaux. Lors d'une conf�rence de presse tenue le 23 janvier, Laure Beccuau, procureur de Paris, a qualifi� ce crime d'actes de torture et de barbarie. Pascal Gauthier, PDG de Ledger, a publi� une d�claration publique exprimant son soulagement de voir David Balland et sa femme revenir sains et saufs.
La r�ponse inattendue des initi�s du secteur des cryptomonnaies
L'augmentation soudaine du nombre d'attaques imit�es en France, en Belgique et en Espagne au cours des derniers mois semble indiquer que le vol de cryptomonnaies en tant que tactique a attir� l'attention du crime organis�. (La tentative d'enl�vement de cette semaine fait d�j� l'objet d'une enqu�te de la part de l'unit� de lutte contre le crime organis� de la police parisienne.) La situation inqui�te � la fois les autorit�s fran�aises et les acteurs du secteur.
Les autorit�s de r�gulation et les services r�pressifs mettent depuis longtemps en garde contre le r�le des cryptomonnaies dans la criminalit�. Le Groupe d'action financi�re (GAFI), l'organisme mondial charg� de lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, a averti que � les actifs num�riques risquent de devenir un refuge pour les transactions financi�res des criminels et des terroristes �. En effet, les criminels se croient en s�curit�.
Les initi�s de l'industrie sont convaincus que le crime organis� aime ces attaques parce qu'il croit (� tort) que les transferts de cryptomonnaies sont intra�ables. C'est pourquoi des personnes comme Jonathan Levin, PDG de Chainalysis, tentent de mettre la puce � l'oreille des patrons du crime.
En 2022, Gurvais Grigg, directeur technique de Chainalysis, avait d�clar� qu'il est plus facile de tracer les transactions sur la blockchain qu'en papier-monnaie. Selon lui, la blockchain a �chou� dans sa qu�te visant � cr�er un march� financier hors du contr�le des interm�diaires (banques, �tats, etc.). En outre, les cryptomonnaies et les plateformes DeFi (finance d�centralis�e) sont plus vuln�rables aux atteintes � la vie priv�e et au piratage que les banques traditionnelles.Envoy� par Jonathan Levin, PDG de Chainalysis
La derni�re tentative d'enl�vement est remarquable pour plusieurs raisons. Il s'est d�roul� dans un quartier peupl� pendant les heures de classe et n'a pas vis� directement un entrepreneur en cryptomonnaies, mais sa famille proche. Comme soulign� plus haut dans cet article, l'affaire a suivi de pr�s d'autres enl�vements li�s aux cryptomonnaies, ce qui a suscit� des inqui�tudes suppl�mentaires quant � l'existence d'un sch�ma criminel cibl� en France.
Les initi�s du secteur ont exprim� leur inqui�tude quant aux risques d'exposition publique. Alexandre Stachtchenko, directeur de la strat�gie chez Paymium, a conseill� aux personnes impliqu�es dans les cryptomonnaies d'�viter de divulguer inutilement des informations personnelles ou financi�res.
L'industrie fran�aise des cryptomonnaies cibl�e par les criminels
Les incidents susmentionn�s ont tous eu lieu en France entre janvier et mai 2025. Et si l'on consid�re des donn�es plus g�n�rales, une tendance plus grave se dessine. Sur les 22 enl�vements confirm�s li�s aux cryptomonnaies dans le monde en 2024, six ont eu lieu en France ; plus que dans n'importe quel autre pays. Cet �tat de choses a incit� les m�dias locaux � qualifier la France de point chaud pour les � enl�vements en lien avec les cryptomonnaies �.
Il y a quelques raisons pour lesquelles la France pourrait conna�tre plus d'attaques que d'autres r�gions. Tout d'abord, la France a une forte pr�sence d'entreprises de cryptomonnaies, y compris Ledger et Paymium, et beaucoup de leurs fondateurs continuent � vivre et � travailler dans le pays. Ces personnes sont souvent visibles publiquement, ce qui peut accro�tre leur vuln�rabilit�. Les autorit�s fran�aises sont en train de r�fl�chir � des mesures de protection.
Ensuite, une violation de donn�es concernant Ledger en 2020 a expos� les noms et les adresses de milliers d'acheteurs de portefeuilles. Cette fuite a donn� lieu � des menaces, � des tentatives d'extorsion et m�me � l'envoi de lettres � des utilisateurs fran�ais. Bien qu'il ne soit pas directement li� aux enl�vements de 2025, l'incident montre � quel point les donn�es personnelles peuvent rapidement devenir une responsabilit� dans l'espace des cryptomonnaies.
Les forces de l'ordre pensent �galement que certains auteurs pourraient adapter leurs m�thodes � d'autres types de criminalit�. Bien que quelques suspects aient des ant�c�dents en mati�re d'infractions violentes, ils ne semblent pas li�s � de grands r�seaux criminels. Les attaquants semblent plut�t �tre de petits groupes coordonn�s, connaissant souvent leurs cibles et utilisant l'anonymat apparent des cryptomonnaies comme un avantage strat�gique.
L'hypoth�se selon laquelle les fonds peuvent �tre d�plac�s rapidement, � travers les fronti�res et sans �tre d�tect�s peut encourager ce comportement. Mais l'analyse de la blockchain remet de plus en plus en question cette croyance. Et comme l'affirme Jonathan Levin : les transferts sont tra�ables.
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