
La d�cision de la ville de Lyon s�inscrit dans une tendance observ�e en Europe depuis quelques ann�es
L��tat allemand du Schleswig-Holstein a lanc� cette politique d�s 2024. Ce Land a d�abord migr� vers LibreOffice, puis amorc� une transition compl�te vers Linux sur 30 000 postes de travail. L�initiative fait suite � celle de la ville de Munich, dont le projet LiMux avait �chou� par manque de coordination et de soutien politique durable.
Pour m�moire, en 2017, le conseil municipal de Munich a pris la d�cision d�abandonner LiMux, la distribution de Linux cr��e sp�cialement pour la ville, afin d�adopter pleinement Windows 10. Les �lus de la ville avaient, � l��poque, vot� � une majorit� de 50 contre 25 la migration de l�ensemble des postes alors sous Linux vers Windows 10. Apr�s Munich, en 2018, une importante migration de Linux vers Windows a �t� annonc�e en Basse-Saxe, un �tat f�d�r� d'Allemagne.
Les autorit�s ont expliqu� qu�un grand nombre des agents de terrain et des services de support t�l�phonique du Land utilisait d�j� Windows et que de ce fait, il paraissait tout � fait logique de proc�der � une standardisation. � L'unification des syst�mes de postes de travail existants simplifiera les proc�dures et facilitera le d�veloppement logiciel pour le r�seau KONSENS �, a expliqu� un porte-parole du minist�re des Finances de la Basse-Saxe.
Le Danemark venait aussi de prendre une d�cision similaire.
La responsable du minist�re danois de la num�risation a d�clar� que son d�partement allait se d�tacher de Microsoft, en commen�ant par LibreOffice.
Dans une interview accord�e au journal danois Politiken, Caroline Olsen, la ministre des Affaires num�riques du pays, a d�clar� qu'elle envisageait de montrer l'exemple et de commencer � supprimer les logiciels et les outils Microsoft du minist�re. La ministre a d�clar� au quotidien danois Nordyske de Jutland qu'il �tait pr�vu que la moiti� des ordinateurs du personnel (y compris le sien) soient �quip�s de LibreOffice � la place de Microsoft Office 365 d�s le premier mois, l'objectif �tant de proc�der � un remplacement total d'ici la fin de l'ann�e.
�tant donn� qu'au d�but de l'ann�e, le pr�sident am�ricain Donald Trump a �voqu� � plusieurs reprises la possibilit� de la prise de contr�le du Groenland, un territoire autonome du Danemark, il semble tout � fait compr�hensible que le pays s'int�resse nettement plus � la souverainet� num�rique comme l'a expliqu� le gourou danois de Ruby, David Heinemeier Hansson, plus t�t ce mois-ci :
� La r�cente mise � l'�cart du procureur g�n�ral de la CPI, sur ordre de l'administration am�ricaine, n'aurait pas pu arriver � un pire moment pour Microsoft. Un mois auparavant, les responsables de Redmond avaient tent� d'assurer � l'Europe que tout allait bien. Que toute sp�culation sur le fait que les Europ�ens pourraient �tre coup�s de l'infrastructure num�rique critique n'�tait que peur, doute et incertitude. Puis, tout ce que les Europ�ens craignaient de voir arriver s'est produit � La Haye. Oups !
� Les assurances de Microsoft se sont heurt�es � la r�alit� et c'est la r�alit� qui l'a emport�.
� Cette r�alit�, c'est que toutes les administrations am�ricaines ont le pouvoir de d�connecter n'importe quel individu, entreprise ou gouvernement �tranger de l'infrastructure num�rique fournie par les grandes entreprises am�ricaines. En ce sens, il est donc inutile de bl�mer Microsoft pour le pouvoir de sanction dont est investi le Bureau ovale. Mais nous pouvons certainement lui reprocher d'avoir enfum� l'Europe sur les risques.
� Ce qui est plus important que l'attribution des responsabilit�s, c'est de sortir l'Europe de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Le continent est d�sesp�r�ment d�pendant des Big Tech am�ricaines, m�me pour les infrastructures num�riques les plus �l�mentaires. Si cette administration am�ricaine, ou la suivante, d�cide d'utiliser � nouveau son pouvoir de sanction, l'Europe se trouve dans un v�ritable p�trin. Et avec les actions entreprises contre la CPI � Haag, l'Europe serait n�gligente d'ignorer la menace.
� Le Danemark encore plus. Ce n'est un secret pour personne que les tensions entre le Danemark et les �tats-Unis sont � un niveau historique. Trump ne cesse de r�p�ter qu'il souhaite s'emparer du Groenland par tous les moyens possibles. Les services de renseignement am�ricains ont re�u l'ordre d'intensifier leur espionnage du Danemark et du Groenland. Naturellement, les Danois sont effray�s. Ils ont raison de l'�tre !
� Quoi qu'il arrive avec le Groenland, les n�gociations commerciales ou les d�saccords g�opolitiques, l'Europe aurait tout int�r�t � devenir num�riquement souveraine. Cela ne signifie pas qu'il faille se couper de toute technologie am�ricaine, mais cela signifie qu'il faut rejeter tous les services qui peuvent �tre d�sactiv�s � partir de Washington. En ce qui concerne Microsoft, cela signifie qu'il n'y aura plus de Microsoft 365, plus de Teams, plus d'Azure �.
La qu�te de souverainet� num�rique et de ma�trise technologique fait partie des raisons qui justifient le lancement de ces initiatives d�abandon des solutions Microsoft pour le libre et l�open source
Au c�ur de cette transition se trouve une ambition profonde de � souverainet� num�rique �. Le Danemark, � l'unisson avec une tendance grandissante au sein de l'Union europ�enne, cherche � s'�manciper d'une d�pendance jug�e excessive envers les fournisseurs de technologie �trangers, et en particulier ceux bas�s aux �tats-Unis. Cette d�marche n'est pas uniquement symbolique ; elle r�pond � des pr�occupations concr�tes concernant le contr�le et la gestion des donn�es europ�ennes. Qui d�tient les clefs de nos infrastructures num�riques ? Qui d�finit les r�gles d'acc�s et d'utilisation de nos donn�es ? Et qui pourrait potentiellement restreindre l'acc�s � des services essentiels en cas de tensions g�opolitiques ? Telles sont les questions fondamentales auxquelles le Danemark et l'UE cherchent � apporter des r�ponses concr�tes.
En adoptant des solutions open source, le Danemark vise � reprendre la pleine ma�trise de son �cosyst�me num�rique. LibreOffice et Linux, par leur nature ouverte, offrent une transparence et une capacit� d'audit accrues, permettant aux entit�s publiques de comprendre pr�cis�ment le fonctionnement de leurs outils, d'adapter...
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